L’art de la réussite consiste à savoir s’entourer des meilleurs (Amanda Castillo, le Temps)

07/09/2021

[Article rédigé par Amanda Castillo, publié dans Le Temps, le 15 décembre 2015]

Nous représentons la moyenne des cinq personnes que nous fréquentons le plus souvent, selon Jim Rohn. Pour le célèbre entrepreneur et coach en développement personnel américain, qui s’assemble finit par se ressembler. S’entourer de personnalités positives, qui s’adonnent à un violon d’Ingres, bouillonnent de projets et d’intérêts culturels et nous mettent au défi de nous dépasser agit donc, à terme, sur notre propre créativité et nos niveaux d’énergie. A l’inverse, côtoyer des personnes négatives ou apathiques, dont la vie se résume à une routine et en présence desquelles l’on se sent plus faible ou en proie au doute ou à la peur ne permet pas de s’élever et d’atteindre le succès personnel et professionnel.

Larguer les «amarres»

Cette approche rejoint celle de nombreuses personnalités influentes. L’artiste-peintre Wyland observe ainsi avec humour qu’il y a deux types d’individus dans la vie: les «amarres» et les «hors-bords». «Vous avez intérêt à larguer les amarres et à vous accrocher aux hors-bords, parce que ces derniers vont quelque part, et ils ont plus de plaisir dans la vie. Les amarres vous retiennent sur place.» L’écrivain Robert Greene remarque de son côté que l’on peut mourir du malheur d’autrui: «Les états d’âme sont contagieux. Les malchanceux attirent l’adversité sur eux-mêmes et aussi, peut-être, sur vous. Préférez la compagnie de ceux à qui tout réussit.» Oprah Winfrey, qualifiée de «femme la plus influente dans le monde» selon l’American Spectator prodigue le conseil suivant: «Entourez-vous uniquement de gens qui vont vous amener plus haut.» Enfin, l’entrepreneur John Assaraf est très sélectif dans ses fréquentations et ne s’en cache pas: «Je ne fréquente pas les gens dont je ne désire pas m’entourer, point à la ligne, et je n’ai qu’à m’en féliciter. De cette manière, je suis toujours positif. Je cherche la compagnie des gens qui sont heureux, qui grandissent, qui veulent apprendre, qui savent dire « excusez-moi » ou « merci » et qui savent aussi comment avoir du plaisir.»

Le rôle des mentors

Les exemples d’inventeurs, écrivains, ou encore entrepreneurs de renom à s’être hissés au rang de génie grâce à l’influence positive des personnes qu’ils côtoyaient sont légion. Ernest Hemingway publia son premier livre grâce à l’aide de son patron, l’écrivain Sherwodd Anderson. Par la suite, il se lia d’amitié avec un groupe d’écrivains inconnus: F. Scott Fitzgerald, Virginia Woolf et James Joyce. Cette communauté de lettrés talentueux l’aida à affiner son style et lui donna le carburant nécessaire pour écrire tous les jours.

« Les malchanceux attirent l’adversité sur eux-mêmes et aussi, peut-être, sur vous. Préférez la compagnie de ceux à qui tout réussit »

Steve Jobs n’était pas particulièrement doué en informatique. Mais il s’entourait d’informaticiens de talents tels que Steve Wozniak. Il affirmait en outre qu’il embauchait des gens intelligents afin qu’ils puissent lui dire ce qu’il devait faire. «Quand on fréquente des gens très intelligents, on a tendance à les écouter», clamait-il.

Quant à Henry Ford, son inculture était notoire. Cela ne l’empêcha pourtant pas de bâtir un empire industriel. Son secret? Il avait recours au «cerveau collectif». Dans son livre Think and Grow Rich, Napoléon Hill relate l’anecdote suivante: incapable de répondre à plusieurs questions de culture générale, Henry Ford lança à son assaillant: «J’ai dans mon bureau une rangée de boutons électriques. Il me suffit d’appuyer sur l’un d’eux pour appeler un homme capable de répondre à n’importe quelle question […]. Maintenant, voulez-vous être assez aimable pour m’expliquer pourquoi, dans le seul but de répondre à vos questions, je devrais avoir la cervelle farcie de culture générale alors que je suis entouré de collaborateurs qui suppléent à toute lacune ou défaillance de ma part?» Pour Napoléon Hill, «l’homme qui sait où trouver les connaissances dont il a besoin et comment les utiliser selon des plans d’action, celui-là est un homme instruit». Il ajoute que celui «qui est capable d’organiser et de diriger un «cerveau collectif» réunissant les connaissances nécessaires à l’accumulation de richesses est aussi instruit que n’importe quel membre de ce «cerveau».

Faut-il s’entourer uniquement de pointures? De l’avis des experts, celui qui vise le succès doit avoir ces trois personnes dans son réseau: un aîné plus talentueux, à qui tout réussit et de qui il est possible d’apprendre. Un pair avec qui échanger. Et une personne plus jeune et inexpérimentée, à qui expliquer ses concepts car reformuler des idées aide à mieux les retenir soi-même et à mieux les assimiler. Aristote illustre bien cette idée: il avait un mentor en la personne de Platon et échangeait sur un pied d’égalité «intellectuelle» avec les philosophes de l’Académie. Il fut par ailleurs le tuteur d’un jeune homme, le futur Alexandre le Grand.

Les couples harmonieux se propulsent vers l’avant

Enfin, mal choisir son partenaire de vie peut être une cause d’échec les plus courantes. «Les relations entre deux êtres mariés sont très intimes. Si elles sont inharmonieuses, elles peuvent être un facteur d’échec qui entraîne souvent la misère et le malheur et détruit toute ambition», rappelle Napoléon Hill. A l’inverse, les couples harmonieux se propulsent vers l’avant: Hillary et Bill Clinton, Michelle et Barack Obama, Melinda et Bill Gates, ou encore Beyoncé et Jay Z sont autant d’exemples de «power couples» qui se tirent vers le haut. La toile raconte à cet égard une plaisanterie amusante: un soir, Barack et Michelle Obama décident de dîner dans un petit bistrot ordinaire. Une fois attablés, le propriétaire de la gargote demande à parler à la Première Dame en privé, ce qu’elle accepte. De retour, son mari lui demande l’objet de cette conversation secrète. Michelle Obama lui répond que le propriétaire du bistrot est un ancien petit ami du lycée. Le président dit alors «Donc, si tu l’avais épousé, tu serais aujourd’hui propriétaire de ce charmant restaurant». Ce à quoi elle répond: «Non, si je l’avais épousé, il serait président.»